[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#348386″]L[/mks_dropcap]e grand Jacques est de retour. Jacques Peuplier est un privé qui vit quasiment en autarcie dans une ville crasse et poisseuse dénommé « VilleVermine« . Sorti en octobre 2018 (et chroniqué quelques semaines plus tard sur Addict-Culture, juste avant d’obtenir le Fauve Polar SNCF à Angoulême), le premier tome du même nom a désormais une suite : « VilleVermine, le garçon aux bestioles » (Julien Lambert, Sarbacane). Et c’est un régal pour les yeux comme pour les neurones d’y retrouver des personnages hauts en couleurs, comme ce scientifique fou et son frère volant, mais aussi un gang familial, des enfants sans foi ni loi, des hommes-insectes répugnants…
Les couleurs bleutées qui habillent le dessin sont toujours présentes et donnent au roman graphique une touche d’entre jour et nuit. Les ambiances visuelles y sont étonnantes, participant à la création d’un univers urbain fantastique, dont on dirait que les racines puisent dans le film « Délicatessen« . Sans être déjantés, les visages des personnages offrent suffisamment de singularité pour se fondre dans le paysage, fait de toits-terrasses et de kilomètres de boyaux d’égouts.
Voilà pour une partie du décor ! Côté scénario, Julien Lambert donne encore plus d’épaisseur à son personnage principal en la personne de Jacques Peuplier, en quête d’un don qui lui a échappé à la fin du premier tome : converser avec les choses et objets. Un avantage bien pratique quand il s’agit de partir à la recherche de bijoux volés, par exemple, et de se fier pour cela à la parole de discrets mais fidèles indicateurs qui, posés dans un coin, ont tout vu tout entendu.
Mais voilà, Jacques le taciturne et solitaire a peut-être bien noué avec le monde des vivants, dont la gentille Vanessa, un lien tendant à l’éloigner des simples objets de la vie quotidienne. Un semblant de sociabilité et hop, il se pourrait qu’il ne puisse plus jamais revenir en arrière !
De ce point de vue, ce n’est pas son association avec un gamin des rues et son chat qui vont aller dans le bon sens. Car contre toute attente, le cœur de Jacques va se fissurer, au point de s’inquiéter de son prochain. Christina, la fille de la famille Monk qui trempe dans toutes les affaires louches de la ville, en tirera un certain avantage… Tant mieux pour elle, car tous n’auront pas la chance de s’en sortir aussi bien !
Ne l’oublions pas en effet, VilleVermine est une grande cité de caractère, dont la duplicité de ses habitants n’a d’égale que la folie qui les anime. Pas rassurant, hein ? De quoi vous laisser subtilement surprendre, en tout cas, par le travail soigné d’écriture et d’illustration de Julien Lambert.