[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]S[/mks_dropcap]avoir se renouveler sans perdre sa base de fans est un exercice difficile, parfois fatal, c’est pourtant ce que tente Wand pour son nouvel album Plum, le quatrième de leur courte carrière débutée en effet en 2013.
Très garage rock psychédélique sur leurs premiers disques, ils ont décidé d’ouvrir la porte dudit garage, sortir la belle décapotable et filer l’esprit léger, au risque de se prendre une prune par quelques amateurs obtus.
Quelques éléments pourraient expliquer ce changement de style, pas radical mais presque, un High Rise n’aurait pas déparé sur Ganglion Reef par exemple, tout d’abord avec un line-up qui s’est considérement modifié.
Autour de Cory Hanson, ne restent que 2 fidèles de la première heure, à savoir le bassiste Lee Landley et le batteur Evan Burrows, le guitariste Daniel Martens est parti, remplacé par Robbie Cody accompagné des claviers de Sofia Arreguin.
D’autre part, la sortie de The Unborn Capitalist From Limbo, le premier disque solo de Cory, nous l’avait montré sous un nouveau jour, plus Nick Drake que jamais, histoire de nous prouver que derrière tout ce raffut, se cache un homme sensible et un fin mélodiste.
Sur leurs 3 premiers (excellents) disques, Ganglion Reef, Golem et 1000 Days, en bons natifs de los Angeles, s’inscrivaient de pied ferme dans cette vague garage rock néo psychédélique portée par le Thee Oh Sees de John Dwyer, Mikal Cronin, avec qui Cory Hanson joua à ses débuts, ou le copain Ty Segall, que Burrows et Hanson accompagnèrent en tant que Muggers l’année dernière.
Cory Hanson a également démontré son amour des grosses guitares et au sein des puissants Meatbodies dont le très bon Alice, sorti en début de cette année.
Paradoxalement, alors que la voix de Cory Hanson n’a jamais été aussi en avant et mise en valeur, le processus de composition du groupe s’est démocratisé et Plum est né de longues sessions d’enregistrement, marquées en particulier par les claviers et les chœurs de Sofia Arreguin.
Après Settling, une introduction toute en larsens, Plum, le morceau marque l’évolution pop du groupe déjà pressentie sur 1000 Days, et nous sert une mélodie classique mais irrésistible qu’on aurait bien imaginé chez un groupe comme Spoon.
Bee Karma joue aussi sur les contrastes entre une rythmique lourde et les claviers et voix délicates, encore plus amplifiés sur l’étrange Charles De Gaulle pas très loin d’un Deerhoof par exemple.
High Rise, le final Driving et le très bon White Cat, avec son petit côté Suuns, marquent cette volonté de trouver le juste équilibre entre la fulgurance des débuts et l’envie du moment de plus de légèreté et d’espace, quitte à se lancer dans la plus sucrée des ballades comme The Trap ou l’anecdotique instrumental Ginger.
Plum pourrait décevoir les fans de la première heure et n’est pas sans quelques défauts mais l’avenir du groupe pourrait se révéler passionnant, en témoignent les meilleurs moments de cette prune, fort appétissante, voire parfois délicieuse. Blue Cloud, morceau phare de l’album, longue chevauchée de près de 8 minutes en est la preuve la plus éclatante, ses guitares à la Television, ses changements incessants de direction qui basculent dans un long jam psychédélique, rien que pour ce titre, il faut vous écouter Wand !
Plum est disponible chez Drag City Records / Modulor depuis le 22 septembre.