[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#adaa3d »]V[/mks_dropcap]oici Miri, un bel album de musique traditionnelle en direct d’Afrique, signé Bassekou Kouyate, un des nombreux talents que le Mali nous offre depuis quelques années.
Bassekou Kouyate manie à merveille sa petite guitare surprenante que l’on appelle ngoni, une variante de la kora, qu’il a bricolé lui même. Miri est son cinquième album, et tranche avec son précédent qui était beaucoup plus électrique et sauvage. Sur cet album, il revient à ses fondamentaux des débuts pour nous proposer un métissage musical à base de traditionnel malien.
Le premier morceau Kanougnon tout en harmonie donne le ton de l’album, très simple, dépouillé, il fait la part belle au chant magnifié par le son magique de son ngoni.
Deli se poursuit dans la même veine épurée, avec des cordes qui s’entrecroisent sur fond de douces percus, avant que Bassekou Kouyate ne pose sa délicate voix sur le morceau.
Habib Koite, un des nombreux invités de cet album est présent sur Kanto kelena pour un morceau qui passe la vitesse supérieure et fait accélérer le rythme.
Sur Wele cuba, c’est carrément la fiesta afrocubaine, featuring le groupe Madera Limpia, pour un morceau endiablé qui abolit les frontières entre Cuba et l’Afrique, et rappelle furieusement le projet Afrocubism. Les jambes comment à se dégourdir.
Miri, le morceau-titre est un instrumental tranquille qui nous rappelle la virtuosité de Bassekou Kouyate et notamment sa manière d’utiliser l’instrument et de le mettre en valeur. Sa bio nous rappelle que le ngoni, bien avant la kora, fut l’instrument de prédilection des griots dès le 13e siècle. Le musicien a permis de réintroduire cet instrument au Mali et de le lui faire connaitre un regain de popularité.
Miri, l’album, est un recueil de chansons plutôt calmes et dont les thèmes sont l’amour, l’amitié, la famille, des thèmes simples, voir simplistes mais fondamentaux quand il faut se raccrocher à des valeurs dans un pays en crise et en proie aux luttes intestines et aux fondamentalistes islamistes.
Wele ni est un morceau atypique par son utilisation du bottleneck dans le traditionnel africain, ce qui est peu courant. C’est un morceau aux harmonies envoûtantes, épaulées par le griot malien Abdoulaye Diabaté et porté par un rythme qui nous attrape pour ne plus nous lâcher.
Konya, un des sommets du disque lâche les fauves via une rythmique endiablée, dans un déluge de ngoni et nous rappelle que si ce disque revient aux fondamentaux du chant griot, il peut aussi faire danser. Fango nous le rappelle également, le traditionnel n’empêche pas de swinguer et les chœurs sont magnifiques.
Les deux derniers morceaux finissent de nous convaincre de la beauté de cet album, grâce notamment à une production au cordeau sans effet superflu. C’est un disque qui sait alterner les ambiances paisibles et les morceaux endiablés. Il faut bien l’avouer, on est sous le charme du ngoni, cet instrument plutôt rudimentaire mais qui produit de sons magiques.
C’est un album enregistré dans ses propres studios à Bamako, en famille. Son groupe Ngoni ba a pour membres sa femme, son fils et son neveu. Les nombreux invités sont également des proches, des musiciens amis de longue date. Un bel album à l’aspect dépouillé en surface mais très riche à l’écoute.