[dropcap]S[/dropcap]abyl Ghoussoub, dans Beyrouth entre parenthèses (éditions L’antilope), raconte son voyage en Israël, lui le Franco-libanais dont l’origine même lui interdit d’entrer dans ce pays. Un voyage quasi initiatique qui le hante, l’effraie. Un projet désapprouvé par ses parents qui s’avère être une quête profonde de sens, une recherche de soi-même. « Pas besoin d’avoir fait de grandes études pour comprendre que lorsqu’on est libanais, Israël, on n’y va pas. »
Son périple débute dès Paris avec la nécessité de changer son passeport pour entrer en Israël, l’ancien comportant des tampons de voyages au Liban, en Syrie, en Irak et aussi avec le contrôle très approfondi qu’il subit à Orly… Arrivé à l’aéroport Ben Gourion, il est interrogé par le service de sécurité. Étourdi de questions, il répondra avec humour, sincérité, et provocation à la soldate qui cherche à le déstabiliser.
« Vous êtes donc issu d’une famille libanaise ? Issu oui. Mais à peine sorti du ventre de ma mère, je prenais déjà la fuite. Il a fallu deux bonnes heures à mon père pour me retrouver dans les bras d’une autre, souriant et heureux d’être allé voir ailleurs. Au retour, je me suis mis à hurler, à pleurer et à gesticuler dans tous les sens. Ma place n’était pas là mais parmi les autres. Je n’acceptais pas ce qu’on m’imposait : une famille, une origine, une histoire. Une terre à porter, à représenter. Je voulais passer de main en main à ma guise. Adopter ces parents, ce pays ou un autre selon les périodes. Mais il a fallu que mon père me jette au cœur de cette famille, de ce passé de cette dépendance. Une prison en plein air que lui-même a cherché à fuir toute sa vie, et que tout homme devrait quitter aussitôt arrivé ».
Cet interrogatoire extrême est le point clé, central, de ce livre, un moment où le feu des questions conduira ce voyageur à exploser les cadres dans lesquels le système et son histoire voudraient l’enfermer. Un texte profond, salutaire qui interroge l’identité. Celle que confère une nationalité, l’Histoire, une famille. Celle que l’on souhaite parfois dépasser comme Sabyl Ghoussoub qui refuse d’être cantonné à une identité qui n’est pas complètement la sienne mais celle de ses parents, celle du pays de sa famille, le Liban.
Un texte à lire pour mesurer le poids des origines et la volonté de s’affranchir de carcans. Un beau récit sur l’universalité. Le ciel est le même pour tous sur la terre sur laquelle nous sommes tous des hommes, Sabyl Ghoussoub, le citoyen du monde, l’a bien compris.
Sabyl Ghoussoub est écrivain, photographe, commissaire d’exposition, il a également été directeur du festival du film libanais à Beyrouth, Beyrouth entre parenthèses est son deuxième roman.
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Beyrouth entre parenthèses de Sabyl Ghoussoub
éditions de l’Antilope, Août 2020
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