[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]V[/mks_dropcap]oici l’une des pépites de cette rentrée d’hiver, le coup de cœur de la plus grande majorité des libraires de France et de Navarre, En attendant Bojangles premier roman d’un illustre inconnu, Olivier Bourdeaut dans une petite maison d’édition indépendante bordelaise, Finitude, qui a eu le nez creux en publiant ce roman bourré de fantaisie et de poésie.
C’est une magnifique aventure que la genèse de ce livre. Arrivé par le courrier, l’éditrice est tombée sous le charme de ce très beau texte. Au début le tirage ne devait être que de 2000 exemplaires mais les retours de lecture élogieux des représentants qui diffusent Finitude et ceux des libraires ont fait que le tirage a gonflé fort justement. Avant même la sortie du livre, les droits d’exploitation à l’étranger étaient déjà acquis dans de nombreux pays, et de même pour le passage en poche en France.
L’histoire nous est racontée avec la voix d’un enfant pleine de douceur et de candeur, il découvre le monde qui l’entoure, tente d’en saisir les subtilités. Ses parents atypiques sont touchés par une insouciance de tous les instants, on reçoit des amis, on boit un peu, beaucoup parfois, on s’amuse, on rit, il n’y a pas que Paris qui est une fête, la vie aussi. Le petit garçon est en admiration devant ses parents à la philosophie de vie si singulière. Il les observe à la dérobée s’enlacer langoureusement et danser sur un air de Nina Simone, Mister Bojangles. Le seul écueil, mais il est de taille, c’est qu’à l’extérieur on ne voit pas les choses de la même manière, à l’école notamment on regarde un peu de travers toutes ces excentricités qui sortent du cadre des normes établies. Alors pour éviter les moqueries, l’éducation de l’enfant sera désormais donnée par le papa, à la maison au moins on va pouvoir continuer à s’affubler de nouveaux prénoms et s’occuper d’un étrange animal de compagnie, un oiseau surnommé Mademoiselle Superfétatoire.
Ce livre est un magnifique cri d’amour d’un homme à sa femme un peu plus excentrique que lui : un brin folle, celle-ci va être diagnostiquée comme pathologie à soigner. Alors le père se transforme en Roberto Begnini de La Vie est belle, il va enjoliver le quotidien en dissimulant du mieux qu’il peut la santé déclinante de sa maman. On passe du rire aux larmes, la vie nous rappelle à l’ordre, elle peut parfois être cruelle et injuste, jusqu’à cet épisode rocambolesque…
L’auteur adopte le ton juste dans ce roman bourré de fantaisie, de poésie et d’humour. Des critiques le rapprochent de Boris Vian, la comparaison est élogieuse mais juste. Il est vrai que l’horizon du livre s’assombrit peu à peu, les couleurs chaudes refroidissent vers des teintes sombres comme dans L’Écume des Jours avec la maladie de Chloé. Le livre est original par sa construction qui alterne les narrations, les notes prises par le père dans un carnet, et les souvenirs de l’enfant bercé de nostalgie. En filigrane, Olivier Bourdeaut nous brosse le portrait d’un père attachant et bienveillant, épris d’un amour fou pour sa femme et de son enfant qu’il veut protéger. Un roman au succès amplement mérité !
Un extrait du livre est mis à votre disposition par l’éditeur Finitude ici.
En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut éditions Finitude.