© Collectif Bellavieza
A l’heure où je suis arrivée, un peu les mains dans les poches, le TU-Nantes affichait déjà complet pour sa première représentation de la soirée, Le procès. Alors que mon escorte affiche une mine boudeuse, et que je me vois déjà attendre 20h30 le spectacle suivant du festival, la dame de l’accueil tente de nous rassurer » Vous inquiétez pas, y aura moyen de se faufiler « . Soit. Faufilons nous donc avec nos places de dernière minute.
Soulagées et impatientes, c’est dans une salle pour l’instant au 3/4 pleine qu’on s’installe. Un acteur, prétendument endormi sur scène, nous rappelle malgré les lumières allumées et le brouhaha environnant que quelque chose va commencer.
© Collectif Bellavieza
Le silence se fait enfin, et le spectacle commence. Après un début un peu timide les acteurs s’ouvrent très vite et nous emportent avec eux dans un tourbillon presque absurde, mêlant bureaucratie, questions métaphysiques et scènes vaudevillesques. La scénographie bluffante permet de changer de décor à une rapidité hallucinante, et accentue l’effet tornade de ce texte Kafkaïen qui nous tombe dessus. Le résultat est sans appel, je me retrouve aspirée par l’histoire. Sans même tout comprendre, j’apprécie chaque scène qui nous laisse entrevoir des ombres toujours plus inquiétantes.
© Collectif Bellavieza
L’atmosphère change alors, le rythme ralenti, se fait plus pesant, une actrice s’invite dans le public. Je quitte doucement mon rôle de spectatrice passive, et me retrouve tour à tour fonctionnaire, jury, et accusée tout le long de la tirade magistrale, et finale, de l’acteur principal. La pièce se termine déjà, et alors que tout le monde applaudit et que certains se lèvent, je me dis que ma semaine va être FUN ! *
Emportées par cette première expérience, franchement cool, mon binôme et moi-même sommes déterminées à … aller fumer une cigarette et à débriefer un peu avant de nous lancer à corps perdus dans le prochain spectacle. C’est seulement après avoir réalisé à la fois que nous partagions le même avis sur Le procès et qu’il était déjà 20h35 que nous nous sommes précipitées au plateau 2, juste avant la fermeture des portes pour assister à Nos Aïeux.
Nous attendant toutes deux à une salle de spectacle avec scène et parterre pour le public, nous voilà comme deux nouilles au milieu d’une pièce pleine de gens debout. Quand les trois coups résonnent dans un coin de la salle, c’est amusé et perplexe que tout le monde se regarde sans trop comprendre. Deux nanas du public enfilent un peignoir et commencent alors, du haut d’un minuscule promontoire, à nous sortir un texte improbable repris en chœur par ce qui me semble être la moitié des gens présents.
Ce n’est qu’au bout de quelques minutes que je comprends que non, je ne suis pas en train de me faire embrigader par une secte, mais bien en train d’assister à une œuvre théâtrale géniale. Nous sommes apparemment invités à témoigner à un rituel purgatoire permettant aux âmes perdues de rejoindre le paradis. De scénette en scénette, le format inhabituel de cette création, et les ratés de certains acteurs nous décrochent à tous quelques fous rires et nous font bien voyager dans cette ambiance d’outre tombe un poil lyrique où les acteurs évoluent librement, à égalité ou presque avec leur public.
Pour résumer, entre Kafka, nos aïeux et moi, le courant est superbement passé.
Merci au Collectif Bellavieza pour toutes les photos du FUN 21 Festival.
* Retrouvez la pièce Le Procès ce soir, Mardi 31 Mars, à 19h30 au TU-Nantes avec la Compagnie du Théâtre DU, des textes de F. Kafka et une mise en scène de R. Bellegot et L. Souquet.