[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]près quelques années passées chez Turnstile, avec en particulier la publication d’Hotel Shampoo et American Interior, Gruff Rhys retrouve ses premières amours et le label Rough Trade à l’occasion de la sortie de Babelsberg, son nouvel album, 11 ans après le génial Candylion.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]O[/mks_dropcap]n espère d’ailleurs que le label londonien a poussé les murs et prévu de la place, parce que l’ex leader de Super Furry Animals ne revient pas seul, puisque rien moins que le BBC National Orchestra Of Wales (72 musiciens !) l’accompagne pour ses 10 nouvelles chansons qui doivent autant à la pop barrée si joliment répandue chez nos Gallois préférés qu’aux comédies musicales hollywoodiennes.
Pour compléter son line-up, Gruff fait appel au batteur, chez Flaming Lips entre autres, Kliph Scurlock et le bassiste Stephen Black, collaborateur régulier de Cate Le Bon, filière galloise oblige. On citera également les chœurs de Lisa Jen et Mira Haf, qui viennent donner une touche de délicatesse et de sensualité à la voix étrange et monocorde de notre divin diablotin, comme sur les splendides Limited Edition Heat ou Take That Call.
Quant au travail sur la production et les arrangements de Stephen McNeff, Ali Chant et James Clark, il est tout simplement superbe, tant le disque brille de mille étoiles et se voit offrir un écrin sonore remarquable.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]u contraire de nombreux musiciens boursouflés par un ego insupportable et qui arrivent à illustrer parfaitement la fable du bœuf et de la grenouille, j’ai toujours admiré Gruff Rhys pour cette capacité à allier ambition démesurée et modestie. On mettra cela sur le compte d’une folie douce, capable de mettre autour d’une table Trump, Jesus et un homme à tête de lézard…
C’est surtout un talent immense Gruff Rhys, roi excentrique de la pop et fou chantant de petites comptines, qui tutoie les anges et vous embarque dans un jardin d’Eden pour protéger les gamins facétieux du monde de dingues qui nous entoure.
Lee Hazlewood, Jean-Claude Vannier, le Love de Forever Changes, voilà le niveau auquel se frotte Gruff Rhys, musique céleste sur textes post-apocalyptiques pour un disque qui ne cesse de prendre de l’ampleur touchant ses sommets du côté de l’ironiquement intitulée Same Old Song et le fantastique Architecture Of Amnesia.
De Frontier Man aux époustouflantes envolées d’O Dear en passant par le délicat et poignant Drones In The City, Babelsberg se révèle comme une œuvre maitresse de Gruff Rhys, pourtant habitué à tutoyer les sommets depuis les débuts de SFA et une carrière solo qui ne cesse de nous émerveiller. Grand bonhomme, grand disque !