Un roman pour l’histoire, pour une révolution, celles menée par des soldats et leurs capitaines un 25 avril 1974 au Portugal. La révolution des œillets.
Lídia Jorge revient sur ces événements à travers l’œil d’Anna Maria Machado, jeune femme journaliste qui vit aux Etats-Unis. Son patron lui confie une mission, un reportage sur cette fameuse révolution. Sorte de premier tome d’une Histoire des hommes et des événements majeurs.
Or, Anna Maria se trouve très bien en Amérique et ne semble pas forcément avoir envie de rentrer dans son pays d’origine.
Elle n’a pas le choix.
Elle contacte deux personnes pour l’aider dans sa quête.
Son point de départ et son angle journalistique sont les suivants: une photo d’insurgés sur laquelle se trouve son propre père, journaliste politique ainsi que sa mère.
Anna Maria et ses comparses partent à la recherche des autres personnes sur la photo.
Comment s’est réellement déroulée cette révolution, qu’y a-t-il derrière la façade et les témoignages ? Comment les révolutionnaires ont-ils évolués ? Que reste-t-il de leurs belles idées ?
Lídia Jorge mène son livre minutieusement, révélant au compte goutte, lors des différentes rencontres et des chapitres, des détails qu’on n’attend pas, détails qui rendent les choses moins simples qu’elles semblaient au départ.
L’Histoire officielle retrace-t-elle vraiment les événements du 25 avril 1974 ?
Ainsi, ces quelques 5000 participants actifs de la révolte qui s’étaient mis d’accord collectivement pour qu’aucun de leur nom n’apparaisse et ne s’empare ainsi de la Révolution, qu’en est-il resté au final ? La surprise est grande à la lecture du témoignage d’un des personnages interrogés par Anna Maria.
Autre rencontre étonnante : les poètes, ainsi nommés dans le texte, censés avoir participé à la Révolution… Que sont-ils devenus ? Comment ont-ils continué ?
Anna Maria et ses deux amis journalistes passent de l’admiration à l’étonnement le plus complet.
Parallèlement à l’enquête journalistique d’Anna Maria déjà troublante, celle-ci en mène une seconde, plus personnelle, à propos de ses parents. Son père qu’elle côtoie à peine lors de son retour au pays et sa mère qu’elle n’a pas vue depuis des années, presque jusqu’à l’oublier, la nier.
La grande Histoire d’un côté donc, celle d’un peuple et l’histoire d’une vie qui se découvre de l’autre, à travers une plume complexe et surprenante.
Les Mémorables, de Lídia Jorge, traduit par Geneviève Leibrich, Editions Métailié, avril 2015