[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#7fb896″]N[/mks_dropcap]’y allons pas par quatre chemins, Pablo et Floyd, petit album de littérature de jeunesse est un grand grand livre !
Pourquoi ?
Bien sûr, les dessins sont très réussis, le texte également. Le sujet est assez drôle. Faire un livre pour enfants à propos du peintre Pablo Picasso et l’associer à son ami (imaginaire ou pas ?) Floyd (qui est le narrateur) est assez osé.
Évoquer la période bleue, voir Picasso avec sa marinière blanche et bleue, tout cela contribue grandement à l’humour du livre (et encore je ne vous dis pas tout).
Tout ceci ferait de Pablo et Floyd un très bon livre de littérature de jeunesse. Mais, vous vous en doutez, il n’y a pas que ça.
Michel Galvin questionne avant tout les lecteurs, petits et grands.
Qu’est-ce que l’art ? Comment est-on artiste ? Pourquoi ? Dans quels buts ?
Voir un grand artiste au travail interroge, laisse perplexe parfois.
Et puis, il y a le mystère de ce narrateur. Floyd ! Il est l’ami de Pablo, le suit dans ses pérégrinations et surtout assiste à ses créations.
Il faut vous dire que Floyd est invisible une bonne partie du livre. D’où la question de l’ami imaginaire car comme il le dit :
Les artistes sont un peu comme des fous, ils voient des choses que les autres ne voient pas.
Justement, nous ne voyons pas Floyd, pas plus que les rochers que Pablo peint. L’invisible, omniprésent.
Dangereux donc pour Floyd, mais aussi pour les lecteurs, car Michel Galvin va jusqu’à nous proposer une double page presque blanche, sans dessin. Il faut voir (ou imaginer) la stupéfaction des enfants à qui l’on lit l’histoire à ce moment-là. Les interrogations qui les assaillent devant une telle nouveauté. Ont-ils l’habitude d’être ainsi bousculés ou même de se poser des questions ?
Tous ces petits éléments font la grande réussite de ce Pablo et Floyd sur le bord de l’invisible.