Le président Thierry Langlois vit dans une crise permanente. C’est alors qu’apparaît dans sa vie une actrice de film indépendant, la fougueuse militante des causes perdues : Victoria Coraly. Et là, tout va basculer. Première Dame (Glénat), de Didier Tronchet (scénario) et Jean-Philippe Peyraud (dessins et couleurs), nous plonge dans les arcanes du pouvoir, avec une bonne dose d’humour et de romance. C’est savoureux à souhait.
À mi-chemin entre le récit politique documenté et la fantaisie dessinée, Première Dame n’en n’est pas moins une bande-dessinée très bien écrite qui, en six chapitres, sait parfaitement où elle va.

Pour cela, elle commence par poser les bases : une présentation des principaux personnages. À commencer donc par cette actrice qui vient de recevoir le Marteau d’Or, à moins que ce ne soit le Gourdin de bois ou le Burin d’or, peu importe ! Ce qui compte, pour Victoria Coraly, c’est d’imaginer faire bientôt tout à fait autre chose que de raconter des sornettes devant une caméra. Elle, ce qui la motive voyez-vous, c’est la cause des migrants, le logement pour tous et l’environnement.
Autant de luttes bien éloignées des préoccupations du président Langlois. Il est en chute libre dans les sondages, malmené par sa mère, trahi par son ex-épouse qui s’apprête à publier les bonnes feuilles de leur relation passée, mal conseillé par son directeur de cabinet et son responsable communication… Ah oui, il y a aussi Lombard, son ministre de l’Intérieur qui, comme un air de déjà-vu, n’attend qu’un faux pas pour se déclarer à sa place aux prochaines présidentielles. Bref, Langlois le mal-aimé connaît un passage à vide.

Alors, quand sa route croise celle de Victoria, il commence à voir dans cette rencontre rocambolesque quelque raison d’espérer. Échappant à toutes les règles protocolaires et se prenant d’amitié pour Valentin, le fils de Victoria, le voici même qui manifeste de nouveau de l’empathie pour les autres et retrouve un semblant de naturel. Faut-il rappeler que cet ancien rugbyman aime d’ailleurs avant tout aller boire un coup chez son copain Julot et que les réunions ministérielles l’ennuient à mourir ?

Malgré le fait que Victoria la militante et Thierry le président possèdent deux tempéraments opposés et des convictions éloignées, ils ont un en commun de jouer un rôle de composition ! Voilà qui va les rapprocher et contribuer à dynamiter le ronronnement du cercle habituel des conversations policées, à la surprise générale et pour notre plus grand plaisir de lecture.
Accompagnée d’une ligne claire mais expressive, la BD s’en donne ainsi à cœur joie, livrant au passage quelques références aux derniers présidents français en exercice. Première Dame : la comédie politique à ne pas rater !