[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]F[/mks_dropcap]ondé dès 1994, alors que la scène électronique française s’agite avec effervescence, mais n’en est encore qu’à de timides balbutiements par rapport à ce qui va suivre, le label Pschent affiche au compteur une histoire riche de vingt-cinq années de virages stylistiques et de sorties événementielles, tout en ayant gardé le sens du groove chevillé au corps. Si les premières parutions s’inscrivent dans la droite lignée d’une house énergique prônée par le DJ Charles Schillings, qui en fut un temps le directeur artistique, la structure connaîtra un réel succès commercial au cours des années 2000 avec la série des compilations lounge Hôtel Costes, mijotées par l’éclectique Stéphane Pompougnac.
Cependant, c’est à l’aube de la décennie en cours que Pschent affirmera une identité plus tranchée et singulière, voyant son catalogue s’enrichir de disques plus volontiers marqués par des influences new wave voire post-punk, comme le démontrent avec panache le bouillant et racé Forty Eight Hours, premier album du jeune Yan Wagner produit par l’incontournable Arnaud Rebotini, la dance music sombre et extatique du duo Slove qui irrigue Le Danse, disque puissant et addictif, ou encore le mirage glacé des vétérans Scratch Massive, déployé sur la longueur de leur magnifique Nuit De Rêve. C’est à cette même époque qu’un rapprochement ponctuel avec les démiurges iconoclastes du redoutable et érudit Dirty Sound System conduira, dans cette même veine, aux sorties vénéneuses du tandem Discodeine, ainsi qu’à la parution du premier long format du trio cosmopolite Tristesse Contemporaine.
Si, en décembre 2015, le décès tragique de son fondateur et président Eric Hauville aurait pu entraîner l’arrêt de cette belle embardée aventureuse, une nouvelle équipe poursuivra le défrichage ainsi entrepris, tout en ouvrant ses portes à d’autres sonorités plus pop, comme celles des facétieux Tatum Rush, aux sucreries funky de Onelight, ainsi qu’à des textures plus insidieusement rock, comme l’atteste la ligne tendue de The Outcome, premier véritable album des excellents marseillais de Nasser. Jalonnée de tubes underground imparables, tels le délicieux groove italo-disco du Amore Mio de Jean Baskets ou la saillie poétique et roborative des Herbes Mauves du duo fomenté par le producteur Plaisir De France et la chanteuse Barbara Carlotti, la dernière décennie d’activité du label est mise à l’honneur ces jours-ci, sur une plantureuse compilation digitale, Pschent Decade, qui se permet tout de même de ressortir avec pertinence un classique de 2003 du duo Rouge Rouge, formé alors par le compositeur Nicolas Errèra et son complice Jean Croc.
Une plantureuse compilation digitale, Pschent Decade
Hanté par l’astucieux sample d’une entêtante ritournelle de Marcel Mouloudji, l’émouvant et hypnotique L’Amour conclut ainsi dans la grâce une sélection qui témoigne, avec passion et générosité, de tout l’activisme essentiel d’une scène électro-pop française, aussi diverse que vivace, qui aura réussi à dépasser le caractère éphémère de la French Touch pour inscrire ses propres lettres de noblesse au fronton du patrimoine musical national. Souhaitons à la formule actuelle de Pschent, codirigée par Guillaume Heintzmann, Gilles Lardoux et Olivier Rigout, récemment élargie à une société de publishing doublée d’une plateforme de distribution numérique, de continuer à nous proposer encore longtemps une musique électronique à la fois exigeante et accessible, loin des poses factices et du cynisme contemporain.
Pschent Decade, compilation digitale 15 titres, disponible ce vendredi 7 juin 2019.
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