[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]E[/mks_dropcap]t si, en fin d’année, on retrouvait non pas un mais deux disques français dans un top 10 ??? Vous me direz : Jism, reprends ton neuroleptique et reviens parmi nous, là tu déconnes grave. Pourtant, en grand Nostradamus que je suis, je puis vous assurer que mi-décembre, au moment où sortiront les tops, chez bibi, vous trouverez Bertrand Belin et Ataraxie. Oui, je sais, pour Ataraxie, je serais probablement seul parmi les chroniqueurs présents à le coller dans mon top. D’un parce que c’est de l’Extreme Doom Metal et de deux parce que c’est de l’Extreme Doom Metal.
Petite présentation : Ataraxie ce sont des Normands (Rouennais pour être plus précis). Le groupe, un quatuor, se forme en 2000 et sort, de 2003 jusqu’à 2013, quatre albums (plus une collaboration). Pour être honnête, leur premier effort m’est inconnu mais les suivants, Slow Transcending Agony (2005) et Anhédonie (2008), comme disait le grand Jacques, m’en ont touché une sans faire bouger l’autre. En conséquence de quoi et afin d’être en totale adéquation avec moi-même, je fis l’impasse sur L’être Et La Nausée, paru en 2013. Vous allez me dire ensuite que j’extrapole un tantinet mais, quitte à être dans les confidences, je crains que le départ en 2014 de Sylvain Estève, guitariste et un des membres fondateurs d’Ataraxie, ne soit fortement lié au peu d’intérêt que je portais au groupe jusque là.
Toujours est-il qu’après son départ, le néo-trio recrute. Pas de bol pour eux, deux guitaristes se présentent et, comme les deux sont complémentaires, le non choix se fait rapidement, ils sont engagés aussi sec. Donc, de néo-trio, Ataraxie passe à néo-quintet et, afin de parvenir à une efficience optimale, devra attendre quelques mois pour recentrer ses shakras et entamer le processus de (dé)composition de ce qui deviendra, cinq ans plus tard, Résignés.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]aru le 8 mars dernier, Résignés est à l’image de son visuel, un disque frais, volubile, aux arrangements soyeux, empli de morceaux courts, légers et dont le rayonnement interne ne peut que vous apporter joie et félicité. Certes, le rayonnement confine à la combustion spontanée et de ce fait entraîne douleurs intenses et paralysie de la totalité des membres mais… ce n’est qu’un léger détail. Néanmoins, et pour être un tant soit peu sérieux, ce nouvel album va clairement imposer Ataraxie comme un des groupes majeurs de Doom, autant à l’intérieur de l’hexagone qu’en dehors. En quatre morceaux, passionnants, intenses, à la lisière du Doom, du Death, du Black et du Funeral, le quintet va affiner ses compositions en gommant certains défauts (notamment l’usage du français) et jouer à armes égales avec les plus grands disques du genre (disEMBOWELMENT, Candlemass ou Esoteric entre autres).
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]oncrètement ça donne quoi ? Quatre morceaux oscillant entre 17 et 25 minutes, suivant leur propre dramaturgie, suffisamment denses et intelligemment mis en scène/musique pour faire en sorte qu’à aucun moment vous ne décrochiez, incluant des montées assez incroyables (celle, finale, de Résignés risque de vous clouer sur place) ainsi que des variations de style bienvenues (vous entraînant, par exemple, d’un Post-Rock pesant à un Black Metal franchement hargneux). Des morceaux parmi lesquels sous la tonne de violence, sous cette chape de plomb, vous parviendrez toujours à dénicher des mélodies et même quelques émotions surprenantes dans ce contexte (outre la violence, il se peut que vous trouviez un soupçon de mélancolie sur Les Affres Du Trépas avec une guitare vous déchirant les tripes sur le final) et d’étonnants partis-pris (je ne dévoilerai rien sur la première écoute des Affres Du Trépas mais le final interloque sérieusement) allant jusqu’à évoquer un petit groupe pop des années 60.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]R[/mks_dropcap]ésignés est au fond un disque qui, de par son ambition et son intransigeance, impressionne. Impressionne parce que les Français parviennent, sur un canevas mille fois éprouvé ailleurs, à vous tenir en haleine sur un très long format sans qu’il y ait de décrochages, à ne pas se résigner justement à la facilité. Impressionne enfin parce qu’il faut bien le reconnaître, la marge de progression entre L’être Et La Nausée et Résignés était loin d’être évidente (parce que oui, j’ai tout de même fini par écouter L’être Et La Nausée et il s’avère être excellent) et que les Rouennais, malgré un changement de line-up, ont parfaitement relevé le challenge en faisant de Résignés rien moins qu’un indispensable de 2019.
Sur ce, les gars, je vais arrêter là ma chronique et je vous recontacte à la mi-décembre, pour vous redire exactement à quelle place de mon top 10 vous devriez vous retrouver.
Ataraxie – Résignés
Sorti le 8 mars dernier chez Xenokorp et disponible chez tous les disquaires en quête de tranquillité de l’âme de France et d’ailleurs