Après Il fallait que je vous dise en 2019, Aude Mermilliod livre un 2e récit autobiographique avec Éclore (Casterman). Une fois que vous aurez lu cette bande-dessinée, une ode intime à la vie, la sexualité et les amours de cette autrice n’auront (presque) plus de secrets pour vous. Mais avant tout, Éclore est l’histoire d’un combat et d’une reconstruction.
Cette BD, c’est une mise à nu. Elle offre enfin à Aude Mermilliod de mettre des mots sur ses maux. Pour cela, il lui a fallu beaucoup de temps. Le temps de comprendre et de se comprendre, le temps de digérer, le temps de prendre un peu de hauteur, puis d’écrire et de dessiner son histoire.
Tout commence pour elle, adolescente, après avoir dit non. Mais dans cette foutue chambre, il se trouve que l’autre n’a pas voulu entendre ce non. Le garçon a abusé. Aujourd’hui, on appelle ça un viol.
Dans Éclore, Aude Mermilliod partage avec nous ce laps de temps si court et si violent. Si dramatiquement fondateur aussi. Une sorte de zone d’ombre exposée ici sans fard et tout en image. Dès les premières pages, on reste interdit face à cet abus, inscrit dans un grand sentiment de confusion.
La suite est transcrite avec beaucoup de délicatesse, au travers notamment d’un joli coup de crayon. L’autrice s’y livre corps et âme, partageant avec nous et de façon très libre ses rencontres, ses expériences, son cheminement intime.
Avec l’objectif incessant de se faire (de nouveau) confiance, de se dire que le plaisir est possible, pourvu qu’il soit inventif et qu’il fasse l’objet d’un consentement mutuel. Avec l’objectif également d’inviter les hommes à tenter de comprendre avant d’agir et à ne jamais franchir de limite, mais à épouser plutôt « le côté lumineux de la force ».
Malgré les dessins explicites et le fait de se raconter ainsi, Aude Mermilliod nous amène à penser que l’expression de la pudeur, de l’harmonie et de l’apaisement peut prendre plusieurs formes.