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Les Inédits Littéraires

« L’enclave » de Grégory Nicolas

Gregory Nicolas
Par Gregory Nicolas
Publié le 5 juillet 2015
10 min de lecture

L'enclave - Yasmine Gateau

L’enclave

Autrefois, dans les années 1990, le trajet entre le village de Saint-Brandan et la ville de Lannion dans les Côtes d’Armor, un dimanche, nécessitait une heure vingt minutes. Aujourd’hui, dans les années 2010, une heure sera suffisante.

Vingt minutes c’est la durée idéale d’un rapport sexuel pour la majorité des Français.

En une heure vingt minutes vous traversiez les communes de Quintin, Cohiniac, Boquého, Lanrodec, Bégard, Grâces, Pédernec, Cavan, et Buhulien.

Ces vingt minutes, la durée idéale d’un rapport sexuel pour la majorité des Français, ont été gagnées grâce au contournement de ces bourgs par des rocades. Dans le même temps, l’élargissement des routes a permis de multiplier les tronçons limités à 110 km/h sur le modèle de la Nationale 12 qui traverse d’est en ouest la Bretagne.

Les autoroutes n’existent pas sur ce territoire, les péages non plus. La plupart des Bretons attribuent cette situation exceptionnelle à un édit signé en faveur d’Anne de Bretagne au moment de son mariage avec le Roi de France. Les sots. Imagine-t’on les législateurs actuels s’écrier « un péage en Bretagne ? Ah non, c’est interdit par une loi de 1491 ! ». La réalité c’est qu’une autoroute nécessite la possibilité d’emprunter un itinéraire bis sur le réseau national, sa construction dans cette zone enclavée ne serait pas rentable.

A la place, il y a les ronds-points. Neuf, entre Saint-Brandan et Lannion. Le rond-point c’est pratique et laid. C’est le jogging de la voirie.

Enfin, ce n’est rien comparé à la multiplication des zones commerciales. Les tôles ondulées étaient traditionnellement associées aux constructions précaires, aux bidonvilles, aux favelas. Désormais, renforcées par quelques millimètres d’épaisseur et peintes en bleue, en rouge ou en jaune elles sont les symboles du développement économique des provinces.

Un matin, des grosses machines arrivent pour défricher, repousser, évacuer, creuser, niveler, goudronner, assembler. Il y a des places de parking partout, le revêtement est de première qualité. On entend à peine le bruit des caddies qui roulent. Là, on peut acheter sa nourriture, ses plantes, ses vêtements, la bouffe pour le chien, son canapé, son papier peint. Pour peu qu’on y installe un Buffalo-Grill le plaisir est complet.

Parfois ces zones commerciales portent le nom de l’ancien propriétaire, le plus souvent un fermier, dont les descendants ont vu un jour, avec le soutien actif du Maire, le terrain passer de la case « agricole » à « constructible ». Les veinards.

Si tout le monde était aussi réactionnaire que moi il y a fort à parier que l’on mourrait toujours de la rage aujourd’hui.

Restent les centres villes. Je suis un enfant des campagnes, je connais mieux l’odeur des fossés que celle des trottoirs, j’ai construit des dizaines de cabanes et l’hiver je rentrais de mes après-midis de jeu les chaussettes trempées, ce qui est, comme chacun sait, la pire sensation qui soit.

Quand j’étais lycéen et quelques années ensuite, j’ai travaillé au Shopi du centre-ville de Lannion, sur le Quai de Viarmes. Après la mise en rayon tôt le matin je m’installais à ma caisse pour une matinée rythmée par le bip du scanner.

A 8h30 les héros de roman ne courent pas les rues dans le centre-ville de Lannion. La première demie-heure, je voyais défiler sur mon tapis-roulant du café, du lait, des corn-flakes, des biscottes, du beurre, que des personnes, la mine fatiguée, les cheveux ébouriffés, l’haleine grasse, emportaient ensuite.

Et puis, aux alentours de neuf heures les cannettes d’Amsterdam à 11°6, les bouteilles de Villageoise, celles de rosé, de gros-plant, de vin de pays de l’Aude. Avec tout ça des odeurs de transpirations, d’urine séchée, de moisis et des mains qui tremblent au moment de tendre la monnaie. Les cassos’ sont matinaux. Ils sont réveillés par leur vomi taché de sang et par la soif. Ils sont toujours aimables, ils disent bonjour bien comme il faut, mieux que les petites vieilles qui se croient tout permis. Les cassos’ n’ont qu’une peur c’est qu’on leur interdise l’entrée du magasin. Où iraient-ils s’acheter leurs binouses et leurs vins de merde ? Dans les zones commerciales ? C’est trop loin. Les cassos’ n’ont plus de permis depuis longtemps, la plupart n’ont même plus le droit de conduire un engin à moteur, même une vieille mobylette pour ado, et ils n’ont pas les sous pour prendre le bus.

Ils habitent dans des petits appartements, les voisins n’aiment pas trop les croiser. Même s’ils n’ont jamais eu de problèmes avec eux, « on ne sait jamais ».

Certains cassos’ fouillent dans les poubelles pour trouver un peu de nourriture, c’est autant d’argent qu’ils pourront mettre dans le tabac et la boisson. Parfois on met de l’eau de javel dans la poubelle pour éviter que les cassos’ ne fouillent, c’est pour leur bien, pour éviter qu’ils ne s’intoxiquent avec un yaourt périmé depuis la veille.

Je me souviens bien d’un de ces cassos’. Il s’appelait Marcel. Alors lui, il en prenait des sévères. Dès 10 heures du matin il était défoncé au rosé. J’ai appris qu’il est mort il y a 3 ans. Le pauvre n’a pas dû résister à l’arrivée massive du rosé pamplemousse. Quand il est mort, si quelque chose lui appartenait, un notaire s’est mis en charge de sa succession. On a recherché des héritiers. Peut-être qu’un neveu a reçu un coup de téléphone de la part de la secrétaire du notaire pour lui annoncer la nouvelle et lui dire qu’il y aurait des papiers à remplir, cela peut prendre du temps. Une fois tout complété, Marcel sera vite oublié.

Dans les yeux de Marcel tu voyais de l’intelligence et de l’humour. Un jour que je discutais avec lui, j’ai osé lui demander pourquoi il ne diminuait pas sa consommation d’alcool. Il m’a répondu qu’il avait arrêté de boire quelques années auparavant et qu’il s’était emmerdé comme un rat mort à être sobre. C’est sans doute une bonne excuse.

Il venait de l’est de la France. Comment avait-il pu débarquer à 1000 kilomètres de là, pour y mourir, en 2012, une soixantaine d’année après sa naissance? Je ne sais pas. A-t-il eu des enfants, a-t-il été amoureux ? Je ne sais pas. Qui le sait ?

Le jour où il a su mon prénom il a dit : « comme le petit Grégory » … Autant Greg le Millionnaire m’a fait mal pendant deux ou trois ans, autant le petit Grégory j’en bouffe depuis 30 ans. J’ai pensé : Encore un relou. Mais Marcel s’est mis à pleurer. Il m’a expliqué qu’il connaissait bien la famille et que l’histoire l’avait touché. J’ai pensé à la photo du gamin qu’on connaît tous, celle où il sourit. J’ai pensé aux photos d’identité qu’avait faites Marcel alors qu’il était gamin. J’ai pensé à la dernière fois qu’il avait posé pour des photos d’identité. J’ai essayé de m’imaginer sa vie, celle de ses parents, ce qui l’avait amené à boire cinq litres de rosé par jour et à être, comme ses copains de boisson, prisonnier du centre-ville.

Juin 2015

Le nouveau roman de Grégory Nicolas, Mathilde est revenue, paraîtra le 8 Octobre aux Editions Rue des Promenades.

Grégory nicolas - Mathilde est revenue

Les Editions Rue des Promenades (maison d’édition bimédia) propose, sous forme numérique et papier, des textes de littérature française contemporaine. Elle porte vers les nouvelles technologies des savoir-faire éditoriaux traditionnels et propose aux lecteurs, sur son site, des services en ligne. Privilégiant le «produire bien» au «produire beaucoup», elle allie les exigences métier de l’artisanat avec une culture post industrielle, pour produire des livres de qualité.

Editions Rue des Promenades – La Part de L’orage – Là où leurs mains se tiennent

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2 commentaires 2 commentaires
  • Charlotte dit :
    7 juillet 2015 à 20 h 41 min

    Il est temps de donner au rond-point la place politique qui lui revient. Grégory Nicolas écrit : « On dit de lui qu’il est le premier facteur de corruption en France. Le passage obligé. Un peu comme l’acné pour les ados. »
    Je recopie ici un article écrit du temps de mon enthousiasme pour le rond-point :

    Vie sauvage
    On n’en parle pas, et pourtant. La vie en a été transformée et il a suffi pour cela d’une décennie, les années 1990. Au début on ne les aimait pas. Il faut dire que leur aménagement a été un laboratoire de mauvais goût. On leur préférait de loin la route prioritaire, priorité aux collisions les soirs de cuite, violence rituelle, sacrifice de la jeunesse aux mânes de l’absurde et du métal. Et puis on s’y est fait. Lieux déserts et entretenus, les carrefours restent des territoires à explorer. On y voit la ville sous un angle inédit. On peut y faire, sans tapage, de tranquilles révolutions. On y gouverne le flux des véhicules qui, sans exception, se détournent et nous contournent. Puissance remarquable. J’aime à m’y installer, avec un ami ou un livre, et, dans le ronron des moteurs, m’abandonner à la rêverie.

    Toi aussi, partage ton expérience des ronds-points.

    Répondre
  • juba dit :
    28 novembre 2015 à 19 h 49 min

    Bonjour monsieur Nicolas c’est Juba en classe de CM2.

    Répondre

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