[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]Q[/mks_dropcap]u’il est bon parfois d’être vierge de toute info pour découvrir un disque, et de partir à l’aveuglette sans à priori sur ne serait-ce que le genre de musique qui va s’écouler dans nos oreilles; de se laisser porter par la musique, rien que la musique.
Si je me permets de commencer cette chronique comme ça, c’est parce qu’en allant chez un pote, j’ai pu récupérer un lot de mp3 avec, dans les fichiers, un dossier nommé LowRider, disc 1. Du coup, j’ai lancé l’écoute et là, grosse claque !
Dès le 1er morceau, Lone rider, envoûtant, lancinant, tout en progression lente, une guitare surgit sur fond de ligne de basse obsédante, on se sent bien, ça part bien, ambiance blues, avec de l’orgue, une guitare qui rugit, on pourrait écouter ce morceau des heures durant, hélas, il ne dure que 5 mn. Le second morceau, Ride low, s’annonce de manière surprenante plus électronique, avec toujours un fond bluesy, mais moderne. Le 3e morceau confirme un mélange des genres, avec guitares, boucles, presque big beat à l’ancienne, période Chemical brothers, mais avec également de l’orgue. Il semble que ce disque s’annonce instrumental, avec une pêche d’enfer, alternant morceaux calmes et morceaux aux rythmes enfiévrés. Box box box est aussi speed que le morceau précédent était down tempo. Ce morceau est carrément démentiel, stoner, bardé de cris, telle une cavalcade sonore.
On arrive très (trop) vite à la fin du premier disque, et c’est un sans faute. Voilà un album indéfinissable mais pétri de blues fou : Ainsi, Big river est baigné d’harmonica à l’ancienne et traversé par une guitare magnifique, avec un chant, enfin, qui semble venir du Mississippi.
En quelle époque est-on vous demanderez-vous ? La musique sonne blues, mais le son, la production nous indiquent qu’on est bien en 2016. Essentiellement instrumental, cet album, gorgé de guitares, d’harmonica, d’orgue et mâtiné de jazz, envoie du bois comme on dit. Tantôt dépouillés, tantôt explosifs, jamais ennuyeux, les morceaux filent la patate.
Et, cerise sur le gâteau, LowRider est double ! La seconde partie sonne plus jazz, groove, voir disco/afro, tel ce Back door man, chanté, qui sonne soudain plus funky, avec toujours cet orgue qui groove. D’autres morceaux sonnent carrément jazz, ambiance club enfumé. Heat est une belle ballade chantée, voire clamée, par une voix féminine qui rappelle Patti Smith.
Bref, voila un album plutôt curieux, riche dans les ambiances proposées, et chaud, c’est à dire avec un son chaud, qui vous emplit, qui vous fait groover, taper du pied, un disque qu’on a envie de remettre sitôt fini.
Maintenant, quid du groupe? Les infos sur LowRider ne sont pas légion (ou en flamand) et plusieurs formations sévissent sous ce nom. Le site officiel nous apprend que LowRider est un projet de Monsieur Paul, belge de son état.
Monsieur Paul, alias Lange Polle ou, de son vrai nom Paul Van Bruystegem, est le bassiste du groupe Triggerfinger, sous influence stoner rock (ce qui explique la tonalité de certains morceaux), créé en 1998 et qui jouit, depuis la sortie de leur premier album en 2004, d’une certaine réputation scénique. Très connu en Belgique et en Allemagne, la France rechigne apparemment à se convertir, malgré la présence du groupe à plusieurs festivals prestigieux.
Cet album éponyme est le résultat d’une tournée de plusieurs années, à travers moult pays, et on sent bien que c’est le genre d’album taillé pour la route. Le site propose deux petits trailers vidéos à se mettre sous la dent, tout juste représentatifs, le mieux est donc de laisser parler la musique.