[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]ompositeur et musicien américain encore trop peu connu du grand public, Moondog dont nous célébrons cette année les vingt ans de sa mort reste encore aujourd’hui un singulier et étonnant personnage.
Né en 1916, Louis Thomas Hardin dit Moondog (pseudonyme en souvenir de son chien), est le fils d’un pasteur et d’une organiste. Il devient accidentellement aveugle à l’âge de 16 ans et très vite se passionne pour la musique où il apprend le violon, le piano et l’orgue. Auteur prolifique, ce sont plus de 800 pièces, 81 symphonies et 300 chansons qu’il compose en braille. Arrivé à New York, il est aussi très vite surnommé le « Viking de la 6ème avenue » préférant vivre dans la rue tout en fréquentant tout au long de sa vie les plus grands noms de la musique et du monde artistique.
Après une saison toulousaine consacrée à Moondog, c’est aussi dans une petite ville aux abords de Nantes qu’il a été possible de découvrir une partie de la vie musicale (mais aussi personnelle) de l’artiste si atypique. Sur une proposition d’Amaury Cornut, biographe français de Moondog (dont nous vous avions parlé dans un article ici), c’est donc à Clisson, ville accueillant le mythique festival Hellfest, de résonner cette fois au son de la Trimba, l’un des instruments inventé par le musicien.
Ce sont d’autres pièces inédites de « l’oeuvre-monde », comme le dit son biographe à propos de l’oeuvre de Moondog, qui était donné à entendre samedi soir, dans la petite chapelle de la ville, grâce à un concert magnifique et inédit interprété par l’Ensemble Minisym & Dominique Ponty, pianiste de Moondog l’accompagnant sur les dix dernières années de sa vie.
Dominique Ponty dit elle-même avoir été séduite et déconcertée en écoutant la première fois la musique de Moondog, et très vite chercha à se procurer les partitions. Troublée par ce style inconnu, très différent de son répertoire classique habituel, elle a commencé à les travailler et ne s’est depuis plus jamais arrêtée. Et on la comprend tant la musique de Moondog est fascinante, par son rythme, jouant sur les pulsations et répétitions. Ravi, le public avait bien du mal à partir profitant de la disponibilité des musiciens pour discuter et les féliciter. Le projet de la formation Ensemble Minisym & Dominique Ponty est maintenant d’enregistrer ce répertoire pour un nouvel album que l’on attend avec impatience ! Ils joueront le 9 avril 2020 à La Soufflerie à Rezé.
Formé à Nantes en 2013 par Amaury Cornut, Minisym est un ensemble instrumental regroupant les musiciens aux regards complices, Hélène Checco au violon, Benjamin Jarry au violoncelle, Charles-Henry Beneteau à la guitare électrique et Stéphane Garin à la trimba, percussions. De ses premières mélodies à ses dernières compositions, des États-Unis à l’Europe, l’ensemble raconte en musique la singulière trajectoire de ce compositeur qui errait dans les rues de New York habillé en viking et comptait Igor Stravinsky, Charlie Parker, Philip Glass et Elvis Costello parmi ses plus fervents admirateurs. Adepte des chemins de traverses et bénéficiant de l’infatigable travail de recherche et de collectage de son fondateur, l’ensemble déchiffre des pièces inédites, jamais jouées ni même enregistrées. Tantôt ancrée dans un passé sans nostalgie, puis animée d’une modernité quasi cosmique, la musique du compositeur utilise l’urgence contemporaine au service de la tradition oubliée, et l’Ensemble Minisym se faufile alors dans les espaces encore libres laissés par Moondog.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]’est également à travers une magnifique exposition Un regard sur Moondog encore visible jusqu’au 12 octobre à la médiathèque de Clisson, que l’on peut se rendre compte de l’ampleur et la curiosité de ce musicien hors-norme. A travers une quinzaine de clichés, le public découvre le cheminement du compositeur, de son arrivée à New York au début des années 1940 à son installation dans la Forêt-Noire où il finira sa vie.
Ainsi ces images inédites et photos cultes, premiers tirages argentiques, originaux, affiche de concert ou partition deviennent autant de registre pour illustrer encore une fois une histoire bien singulière.
Le décrochage de l’exposition a lieu l’après-midi du 12 octobre en public et en présence d’Amaury Cornut qui aura évidemment plaisir à la commenter pour ce dernier jour d’exposition.