NOTRE Top musique 2023

Éclectique, dense, quelques très belles découvertes, beaucoup de confirmations, 2023 est une belle année musicale dominée pour ce qui me concerne par Shame, dont le Food For Worms a squatté ma platine plus souvent qu’à son tour. Peu à peu le quintet londonien devient incontournable, enrichissant subtilement sa palette, Shame est le meilleur groupe du monde sur scène, mais pas seulement, Shame est tout simplement le meilleur groupe du monde !

Ailleurs, de belles valeurs sures en pleine forme, de Yo La Tengo à PJ Harvey, en passant par Sufjan Stevens, quelques autres qui s’installent durablement, RVG, Ulrika Spacek, Lael Neale… On adresse la palme du label de l’année à Trouble In Mind records, avec 3 des disques les plus jouissifs de l’année, Melenas, The Tubs et En Attendant Ana.

Ces derniers complètent également mon trio des frenchies avec Da Capo et Signal Faible, en se disant qu’on aurait pu glisser encore quelques uns de mes compatriotes, choisir c’est éliminer et on est tout de même bien content d’avoir pu glisser quelques artistes passionnants comme BC Camplight, Lankum et Califone.

Encore un top qui ne ne veut pas dire grand chose sinon qu’il me convient puisqu’il me ressemble.. On n’y trouvera donc ni métal, ni ambiant, pas de guitares saturées ni de pop trop sucrée mais plutôt un condensé de folk, d’Americana, de pop-rock et de douces balades, parfois mélancoliques mais jamais plombantes. Il rassemble quelques albums incontournables de l’année 2023, tels que ceux de Yo La Tengo, de Wilco, celui de Lana Del Rey – qui m’a totalement bluffée, ou encore celui de Sufjan Stevens, fidèle à lui-même, mais aussi quelques albums plus confidentiels, passés injustement inaperçus et que j’ai souhaité proposer là parce qu’ils m’ont particulièrement touchée. Je pense notamment à ceux de Sam Burton ou de David Brewis, ou bien ceux de Jana Horn, de Nighttime ou de Juni Habel. Les artistes féminines sont encore une fois très présentes dans ma sélection à l’image de leur présence aujourd’hui sur la scène musicale et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre. Je n’ai cité qu’un seul album français, celui d’En attendant Ana qui fut une des belles surprises de l’année. J’aurais pu citer aussi celui de Forever Pavot franchement réussi ou encore celui des incroyables Psychotic Monks mais il faut bien faire des choix… Et celui-ci fut le mien.

Difficile de résumer 2023 en quelques mots. Année anxiogène à plus d’un titre et qui aura tout de même eu le mérite de nous renvoyer sans restriction dans les salles et espaces où le son est roi. Pour ma part, j’ai apprécié l’énergie de Sans Gain, la noirceur de Versari, les subtilités du groupe Alt-J. J’ai succombé à la sensation touchante du collectif Astéréotypie mais également aux sets plus conventionnels de Porridge Radio ou épique d’Editors, sans oublier les instants puissants et/ou fous chez The Psychotic Monks, Bärlin, The Black Angels, Yo La Tengo, Osees, Young Fathers… Une série de concerts vécus intensément avec Jay-Jay Johanson, Blonde Redhead sans oublier le show fantasmagorique de Björk. Bref, autant de moments forts qui se combinent aux mille et une découvertes sur la platine pour un millésime finalement plutôt riche en matière, toute obédience confondue. Je vous laisse d’ailleurs découvrir mes coups de cœur avec en tête de liste l’épatant album My Back Was a Bridge for You to Cross de la toujours poignante et juste Anohni. Sur le fil, j’aurais pu ajouter l’album Songs of a Lost World de The Cure mais visiblement, malgré la promesse, il y a eu un bug au niveau de la livraison. Qu’importe, en ces temps où le trouble est devenu la toile de fond, la musique demeure un exil alors merci encore à elle pour cette immense bulle d’oxygène !

Que dire pour vous présenter ce top de l’année que j’ai une nouvelle fois eu un mal fou à définir ?! Ceux qui me connaissent savent comme l’exercice est douloureux pour moi de me limiter à 20 albums ! Toujours cette histoire de choix ! Mais avouons-le, c’est aussi très amusant et plutôt très plaisant de se replonger dans cette année musicale. Alors évidemment mes deux reines musicales ayant sorti un album la même année, elles se retrouvent toutes les deux en tête de classement. Mais pour être honnête Lana Del Rey est cette fois largement en tête avec cet album totalement fou qu’elle a sorti en mars dernier et qui a tournée littéralement en boucle pendant des semaines (oui je suis assez obsessionnelle). D’ailleurs, les albums que vous trouverez dans les 10 premières places ont été de véritables obsessions pour moi cette année. Car H-Burns a sorti un album totalement addictif pour les vibrations qu’il procure, Stéphane Milochevitch a fait son grand retour et j’ai aussi retrouvé le grand plaisir des albums quasi instrumentaux avec Hania Rani et Alexandra Streliski qui ont sorti des disques menant à l’introspection au le repos et à la douceur et on avait bien besoin de ça encore cette année. The National ont offert deux albums en une année mais c’est First Two Pages Of Frankenstein qui remporte la palme pour moi. The Kills ont fait leur come-back avec l’excellent God Games totalement à leur image. Nick Waterhouse ne cesse de nous séduire avec sa voix de crooner qui vous transporte au milieu des années 60 et qui a pourtant l’art de s’ancrer au creux de cette année 2023. Timber Timbre est aussi de retour avec Lovage, un album tant attendu après 6ans d’absence. J.E. Sunde est un compagnon de route qui fait du bien et ce n’est pas rien ! Slowdive n’en finit pas de nous séduire et Coline Rio est pour moi la révélation de chanson française avec une voix et une poésie très classe dans sa simplicité. Albin de La Simone est à présent un des piliers de la chanson française et il le prouve une nouvelle fois avec Les cent prochaines années. Harp est la surprise de cette fin d’année, Tim Smith revient avec un album transcendant d’une beauté spectrale. Matt Elliott est un de mes chouchoux à chaque sortie d’album mais The End Of Days est un des meilleurs depuis Failing Songs et Drinking Songs qui étaient pour moi indétrônables. Sufjan Stevens est revenu lui aussi avec Javelin qui ne demande qu’à grandir dans nos coeurs où il a déjà une très jolie place. Cindy a sorti un nouvel album aussi charmant qu’apaisant et puis BC Camplight toujours aussi envoûtant. Petite mention spéciale pour deux EPs, celui de Cavalier Montanari qui est dans mon coeur pour sa beauté et sa poésie et pour Dark Dark Dark qui a enfin donné un signe de vie et qui, je l’espère, est annonciateur d’un nouvel album ! Vivement 2024 pour connaitre à nouveau de belles nouvelles émotions musicales !

Que dire de 2023 ? Anxiogène ? Déprimante ? Pour sûr. Année où on commence à mesurer les retombées d’un confinement dévastateur sur le plan psychologique. Vous me direz, rien de meilleur pour stimuler la créativité artistique. Pour preuve, Laurent Garnier et Blut Aus Nord qui auront su hisser cette anxiété à son plus haut niveau, Tenhi, Blonde Redhead, Fvnerals (dans une moindre mesure) dont la majesté côtoie la mélancolie avec une grâce égale. Sans oublier non plus le Quaranta bien dépressif de Danny Brown. Fort heureusement, 2023,  c’est également d’excellents retours en grâce (Yo La Tengo, Depeche Mode, Dodheimsgard), des disques d’une beauté rare (Akira Kosemura), des crossovers de malade (Acid Arab), des doigts d’horreurs fièrement tendus (Bruit Noir) ainsi que des découvertes réjouissantes (The Tubs), ou pas (Sol An Varma). En somme, me concernant, une année très contrastée sur le plan musical : peu d’albums intéressants d’un point de vue rock mais d’une richesse incroyable en matière d’électro, qu’elle soit abordable (Laurent Garnier) ou expérimentale (Driftmachine, Moritz Von Oswald) et toujours passionnante quand on aborde le metal (Dodheimsgard, Blut Aus Nord, Sol An Varma, Hasard, Ruim, Void, etc …). Bref, j’attends 2024 avec autant d’impatience que d’appréhension.

2023 aura été pour moi une année riche en bonnes surprises musicales.
Le dernier album de The Lemon Twigs contient quasiment que des tubes et réussit la prouesse d’offrir des chansons mélodiquement brillantes, débarrassées de complexe et de poussière tout en revisitant les références incontestées de la pop céleste et du glam-rock.
Des artistes se sont révélés cette année avec leur premier album. C’est le cas de la française Maud Anyways qui a sorti un album étonnant mêlant shoegaze, indiepop 90’s et dark wave. Premier album également pour Grian Chatten, l’Irlandais connu pour être le chanteur de Fontaines D.C. avec son premier disque solo. Idem pour David Brewis qui a délaissé Field Music pour nous livrer un très bel ouvrage de pop baroque.
Amour et musique faisant parfois bon ménage, un couple s’est formé entre Rose Elinor Dougal (The Pipettes) et Graham Coxon (Blur), accouchant d’un enfant en 2021 puis d’un album cette année sous le nom de The WAEVE. L’ancien compagnon de Graham Coxon, Damon Albarn, s’est lui aussi illustré sur le neuvième album de Blur sur lequel plane l’influence de David Bowie.
En Attendant Ana conserve confortablement sa place d’un des meilleurs groupes de la scène pop rock française. Parmi les français, Albin de la Simone continue de nous émouvoir avec ses mots légèrement moqueurs mais toujours pleins de tendresse sur nos travers et sur le temps qui passe. L’orfèvre pop Olivier Popincourt a livré un très beau troisième album.
Confirmation pour le groupe australien RVG avec ses guitares carillonnantes et la voix puissante de Romy Vager, The Clientele, ainsi que les irlandais de Tandem Felix avec un 2° album qui mérite une oreille attentive. Confirmation également pour les américains de Wednesday et leur countrygaze, le shoegaze du trio anglais Pale Blue Eyes, et la folk sombre, tendue mais toujours mélodieuse des canadiens Timber Timbre.
Mon coup de cœur de l’année, c’est Late Runner, un musicien danois qui avec son 2° album nous offre des chansons délicates magnifiées par une belle production 70′, réhaussées de cordes et de bois. Des « anciens » poursuivent leur route tout en restant avec élégance sur le podium : Robert Forster et les écossais de Teenage Fanclub avec un album assez classique mais dont les voix et les guitares font toujours chavirer nos cœurs. Enfin, cette année sonnait le grand retour de Drop Nineteens qui n’avait pas sorti de disque depuis 30 ans !

A mesure que le temps passe, que l’existence même de vitesse est remise en question, certains disques ont tourné en boucle, de manière concentrique. Une constellation d’artistes qui en dehors des étiquettes, sans aucune antériorité ou qui s’étaient mis en pause, ont redonné de l’espoir à ce monde labyrinthique. La musique est une consolation pour l’âme, comme la littérature, empire des passions et de vies multidimensionnelles. Vingt disques, EPs, aussi vains qu’éternels, tous emprunts d’une mélancolie. Je trouve de la beauté dans cette désolation, le dark folk est une lueur dans l’obscurité, aussi bizarrement que ce contraste nous permet d’entrevoir un autre monde. Fvnerals remporte largement le titre d’album de l’année, tout est contenu dans ce globe de charbon, ambiances hantées et hautement obscures font de ce duo le groupe qu’il faut absolument surveiller.

2023 aura sans doute été l’année où j’aurai le moins écouté de nouveautés de manière générale. Un petit rattrapage s’imposait même si je me rends compte qu’il y a de moins en moins de rock dans mes écoutes. Un retour vers un genre que j’affectionne particulièrement, la musique electro, et une passion grandissante pour les musiques ambiant et/ou instrumentales. Avec tout de même une fidélité envers des artistes longtemps aimés et même parfois ressuscités qui ont sorti de très beaux albums cette année…